Minolta AL-F

Cela faisait longtemps que je cherchais à mettre la main sur cet appareil. Dans le genre télémétrique compact, Minolta n'a en effet pas seulement produit les Hi-Matics dans les années 60. Cet appareil se distingue en particulier du Hi-Matic 9 de 1966 par un programme à priorité vitesse non débrayable au lieu du système de cellule à base de nombre EV (Exposure Value) que l'on trouve sur le Hi-Matic.
On pourrait plutôt le comparer aux Himatic plus tardifs comme le E et plus encore le F par le type d'objectif utilisé (38mm Rokkor) et par l'absence de possibilité d'intervention sur le couple vitesse / diaphragme choisi par l'AE.

Mon exemplaire est dans un état impeccable. On a peine à croire qu'il puisse être aussi vieux que moi et ce n'est pas tous les jours que l'on a une aussi bonne surprise lors d'un achat sur eBay. Le gainage apparemment en cuir est de très belle facture.

Je m'étais demandé pourquoi est-ce que Minolta n'avait pas fait rentrer cet appareil dans la série des Himatics. La différence provient du système de priorité vitesse utilisé par le AL-F contre le mode 100% automatique qui prévaut chez les Himatics (en mode AE pas de possibilité d'intervenir sur le couple diaphragme/vitesse programmé). Le système de priorité vitesse est bien préférable car il permet en particulier de jouer sur la profondeur de champ.

Quelques caractéristiques : 38mm ƒ2.7 Rokkor - 1/30 à 1/500 - vrai diaphragme à 4 lames - obturateur Seiko - made in Japan - 1967 - pile XXX.


Avantages

- Priorité vitesse : on choisit sa vitesse à l'aide d'une des bagues du fût de l'objectif et le programme d'exposition automatique indique le diaphragme choisi dans le viseur. C'est le principal intérêt de cet appareils par rapport aux Minolta Hi-Matic des années 60.
- 38mm : encore peu courant en 1967 (voir le liens Japanese Leaf Shutter ci dessous), le seul appareil antérieur avec cette focale, plus proche des 35mm généralement adoptés par les focales fixes d'aujourd'hui, est le Minoltina-S. Les appareils Japonais à objectif non interchangeable sont presque tous de longueur focale inférieure aux 50mm que l'on trouvait comme objectif standard des appareils reflex par ce que les intérieurs Japonais étant généralement très petits (si c'était vrai dans les années 60, qu'est-ce que ça doit-être aujourd'hui ?) ces focales permettaient de réunir plus de monde sur des photos prises en intérieur.
- Correction de la parallaxe dans le viseur. Très étonnant et appréciable pour un appareil de cette gamme. Beaucoup d'appareils de bien plus grande renommée ne sont pas pourvu de cette merveille.
- Système de cellule CLC au CdS. D'après Winfried ce système est basé sur l'usage de 2 capteurs au silicium (l'ancêtre de la mesure multizone) qui permettent de repérer les situation de contre jour et ainsi de ne pas surexposer la pellicule.
- Système "easy flash", c'est à dire utilisation d'une des introductions récentes de l'époque : le GN. Prise flash et hotshoe. Pas de blocage distance en fonction du GN mais une table des distances de mise au point limites en fonction du GN des flashs est collée dans la partie de la sacoche couvrant la lentille frontale.
- Mise au point mini à 80cm. Gros avantage quand d'autres appareils de ma "collection" (je n'aime pas ce terme) doivent se contenter d'un mètre. Attention quand même aux déformations disgracieuses des portraits que l'on pourrait faire à cette distance.
- Pas de blocage de l'AE quand la luminosité est trop forte ou trop faible. C'est très bien parce que quand on veux faire une photo dans des conditions limites on est généralement plus intéressé par le sujet que par la qualité de densité du négatif.
- Possibilité de bloquer l'exposition en appuyant à mi-course du déclencheur. Très utile pour déjouer les contres jour ou les cieux trop présents.
- Construction soignée 100% métal et cuir. Ce soin apporté à la construction permet de ne pas compter seulement sur de la mousse pour assurer l'étanchéité lumineuse du dos de l'appareil. Le peu de mousse utilisé et sans doute aussi sa qualité font que cet appareil est moins que d'autres, plus tardifs, (Canonet QL17 GIII, Chinon 35EE, Konica auto S3...) sujets au pourrissement désagréable de ce matériel.
- Vrai diaphragme à 4 lames. Celui là n'est pas encore passé à la trappe comme plus tard sur les Himatics E et F.
- Levier de réarmement au design un peu faible (simple plaque de métal) mais pratique à utiliser car le ressort de rappel ne ramène pas ce levier en position rangée au dessus de l'appareil mais le maintien à mis course ce qui facilite grandement le réarmement pour des prises de vues en "rafale manuelle".
- Accès au chargement du film aisé grâce à la large trappe de dégagement. Cette découpe particulière du dos de l'appareil était courante à cette époque. On ne peut que regretter sa disparition sur les appareils des années 70.
- Bobinage du film "à la Yashica", c'est à dire que le film passe derrière le moyen de la bobine réceptrice. Ce système est légèrement plus agréable à utiliser que le système classique. En contrepartie, l'appareil n'est pas muni du système SLS des Himatics de la même époque (contrôle du bon montage de la pellicule dans une petite fenêtre au dos de l'appareil).
- Sacoche en cuir de grande qualité. Malheureusement cette sacoche gène terriblement l'accès au petit levier situé sur la bague de mise au point.
- Design légèrement arrondi assez réussi. Un appareil qui pourrait servir d'accessoire idéal dans un film sur mai 68.
- Cellule sur l'objectif : correction automatique dans le cas d'usage de filtres.


Inconvénients

- Objectif Rokkor. C'est une désignation moins noble que Rokkor PF ou Rokkor QF que l'on trouve sur les Himatics. Peut-être que les lentilles sont moins bien traitées mais par ailleurs les résultats ne seraient pas mauvais quand même si on en juge par ce tableau comparatif (en Japonais malheureusement et si quelqu'un peut me donner quelques explication sur cette page je suis preneur). Pour pallier à cette probable faiblesse de traitement, l'usage d'un pare soleil est vivement recommandée pour les prises de vues avec le soleil ailleurs que dans le dos du photographe. Peut-être aussi que cette appellation Rokkor signifie qu'un nombre réduit de lentilles est utilisé pour composer l'objectif et que les ingénieurs de Minolta ont été bridés par des impératifs économiques lors du choix de cet objectif.
- Pas de possibilité de débrayage en manuel. Le réglage de la sensibilité étant par ailleurs peu accessible, peu visible et peut pratique à modifier, ce mode de contrôle manuel ne peut pas être envisagé de manière normale avec cet appareil.
- Plus petit que les Himatics de la même époque, plus grand que les Himatics plus tardifs. Il ne tient pas dans une poche et tant qu'à se trimbaler avec un appareil en bandoulière autant en choisir un avec un objectif plus lumineux.
- Plage de vitesse assez étroite, de 1/30 à 1/500. C'est néanmoins bien suffisant en usage courant.
- Pas de self timer. L'absence de cet accessoire marque le désir de contenir le prix de revient d'un appareil qui aurait quand même mérité que l'on n'aille pas aussi loin.
- Pas de pose B. Encore une offrande sur l'hôtel de la réduction des coûts de fabrication. Cette offrande ne me dérange pas dans le mesure où je ne vois pas quel aurait été l'usage d'un temps de pose infini avec un appareil dont on ne peut pas choisir le diaphragme.
- Pas de contact pour éteindre la cellule. Pas de testeur de piles. Il est fortement recommandé de ranger l'appareil dans sa sacoche ou de mettre un chapeau sur l'objectif pour économiser ces précieuses piles. Voir par ailleurs ma page sur la question du remplacement des piles au mercure destinées à faire fonctionner cette cellule.


Conclusion

Un très bel appareil photo qui bien que plus démocratique que les Himatics de son époque n'en est pas moins tout à fait recommandable aujourd'hui.
Voici quelques unes des photos prises avec cet appareil.


Liens

- Japanese leaf shutter camera : Où l'on peut voir que le Minolta AL-F était vendu beaucoup moins cher que le Hi-Matic 9.
- Sylvain Halgand : Où l'on peut voir que je ne suis pas le premier à faire une page en français sur cet appareil.
- Manual Minolta : Où l'on peut voir que Minolta a fabriqué beaucoup d'appareils différents...
- Murakami : Je ne comprend pas le Japonais mais il me semble que l'objet de cette page est d'établir une comparaison entre les objectifs de différents appareils. J'aimerai bien savoir ce que signifient les colonnes de ce tableau...
- Erik Fiss. Un nouveau site avec quelques appareil intéressant. En Allemand.


Page crée le 18/12/2001 - Dernière modification le 17/04/2002
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